Une matinée ensoleillée sur la terrasse du "Cigalon", à La
Treille, entre Marseille et Garlaban. Il n'en faut pas plus pour
plonger au cœur de l'œuvre de Pagnol. Et l'immersion
et d'autant plus facile lorsqu'une troupe de passionnés
vous emmène sur l'un des sentiers dédiés à l'écrivain
provençal, en costume d'époque. Voilà huit
ans quelques comédiens de "Scènes d'esprit",
jalonnent ce parcours de 9 km de saynètes adaptées
de différents textes de Pagnol. En partenariat avec l'Office
de tourisme du Pays d'Aubagne, ils entraîne le public au
fil des "Souvenir d'enfance" ou de "L'eau des
collines", sur les lieux mêmes où ces histoires
sont nées et où parfois l'écrivain réalisateur
a tourné certains de ses films.
Un travail minutieux, puisqu'il s'agit d'adapter le texte, pour
qu'il accompagne au mieux la balade, sans en trahir l'esprit. "On
n'a pas encore assez de recul sur Pagnol; si on fait une lecture "en
surface", on peut vite se réfugier derrière
des pagnolades", souligne Xavier Laurent, en charge de l'adaptation
: des 20 personnages on est passé à 11, des dialogues
sont déplacés pour permettre une continuité dans
le circuit... À ses yeux "Manon des sources" est
avant tout un drame paysan" avec des relents de Giono".Et
c'est avec cette œuvre forte, et connue du grand public à travers
ses versions cinématographiques, que la troupe a décidé de "franchir
un cap". Les onze comédiens, tous professionnels
et intermittents du spectacle, passionnés par leur entreprise,
verraient bien le nombre de randonnées organisées
chaque année dès le printemps, multiplié par
dix. Il faut dire que le succès est déjà au
rendez-vous, avec le quota maximum de 300personnes par jour atteint à chaque
séance. Avec de nouveaux partenaires, l’aventure
pourrait prendre une autre ampleur. D'où le choix de Manon
des sources, qui permet au public de côtoyer les lieux
où Pagnol a tourné l'œuvre dans les années
50, et surtout là où se déroule l'histoire:
la grotte de Manon n'est pas loin, et un arrêt est prévu à la
Ferme d'Angèle... . Et à les voir rejouer la "scène
des poils", sur la terrasse du Cigalon, au cours d'une répétition
générale, on a bien envie d'oublier que juste un
peu plus bas, le XXIe siècle nous attend. . .
M C Béranger La Provence
|