Corse Avril 2009 Sartène
Semaine Sainte

VENDREDI SAINT - LE CATENACCIU

Le soir du Vendredi Saint, Sartène s'apprête à commémorer le chemin de croix du Christ le jour de sa crucifixion. Dès que la nuit tombe, les fenêtres s'illuminent de bougies. Au couvent des Saints Côme et Damien, le catenacciu (littéralement le porteur de chaîne), s'apprête, après trois jours dans le silence et le jeûne, à rejoindre l'église Sainte Marie où l'attend une foule dense. C'est là que le prieur de la confrérie Del Santissimo Sacramento lui passe à la cheville droite une chaîne de 16 kg et hisse sur son épaule la croix de bois de trente-cinq kilos qu'il portera tout au long de son chemin de croix. A 21 heures, les portes de l'église s'ouvrent à deux battants, et la procession sort de l'église. Le Catenacciu est suivi par un homme en blanc (Simon de Cyrène) et huit pénitents noirs interprétant les juifs, quatre d'entre eux soutiennent un dais noir sous lequel repose un christ gisant recouvert d’un linceul blanc. Tous sont pieds nu et les membres de la confrérie Del Santissimo Sacremento forment une haie d'honneur. Les fidèles chantent sans interruption le lancinant « Perdono, mio Dio »
Sur les 1,8 km que mesure le parcours du pénitent, la foule est massée, parfois si serrée que le porte-croix à du mal à se frayer un chemin. Comme le Christ montant au Golgotha le pénitent rouge chutera trois fois.
La première chute se fait devant l'entrée de l'hôtel des Roches. Pendant que le pénitent reste au sol, la foule récite le « Notre Père » et le
« Je vous salue Marie ». C'est un moment d'intense émotion. Avant la seconde chute qui se situe sur la place Porta, le catenacciu aura dû emprunter les ruelles du Vieux Sartène,où la rude montée des escaliers de la rue Tafanelli est une épreuve terrible
Une nouvelle halte a lieu à l'intérieur de l'église Saint-Sébastien qui symbolise le Golgotha. U catenacciu s'y recueille et prie agenouillé devant l'autel, au pied duquel se trouvent le Christ gisant et la statue de la Vierge en deuil, pleurant son fils mort. La dernière chute s'effectue au bas de la rue Croce, pour le pénitent rouge l'épreuve tire à sa fin. Il lui reste cependant à gravir la petite côte qui mène au parvis de l'église et à rester immobile tandis que le prédicateur parle à la foule. De retour dans le chœur de l'église, il dépose la croix sur le maître-autel et se recueille, entouré de tous les pénitents. Agenouillés ou couchés, ils devront attendre que tous les pèlerins qui défilent dans le chœur aient baisé un à un le Christ gisant. Ils s'approchent de lui, le touchent, se signent et s’en vont. Dès lors la cérémonie est terminée pour le public