Le
soir du Vendredi Saint, Sartène s'apprête à commémorer
le chemin de croix du Christ le jour de sa crucifixion.
Dès que la nuit tombe, les fenêtres
s'illuminent de bougies. Au couvent des Saints Côme
et Damien, le catenacciu (littéralement
le porteur de chaîne), s'apprête, après
trois jours dans le silence et le jeûne, à rejoindre
l'église Sainte Marie où l'attend une
foule dense. C'est là que le prieur de la
confrérie
Del Santissimo Sacramento lui passe à la cheville
droite une chaîne de 16 kg et hisse sur son épaule
la croix de bois de trente-cinq kilos qu'il portera
tout au long de son chemin de croix. A 21 heures,
les portes de l'église s'ouvrent à deux
battants, et la procession sort de l'église.
Le Catenacciu est suivi par un homme en blanc (Simon
de Cyrène) et huit pénitents noirs
interprétant
les juifs, quatre d'entre eux soutiennent un dais
noir sous lequel repose un christ gisant recouvert
d’un
linceul blanc. Tous sont pieds nu et les membres
de la confrérie Del Santissimo Sacremento
forment une haie d'honneur. Les fidèles chantent
sans interruption le lancinant « Perdono,
mio Dio »
Sur les 1,8 km que mesure le parcours du pénitent,
la foule est massée, parfois si serrée
que le porte-croix à du mal à se frayer
un chemin. Comme le Christ montant au Golgotha le pénitent
rouge chutera trois fois.
La première chute se fait devant l'entrée
de l'hôtel des Roches. Pendant que le pénitent
reste au sol, la foule récite le « Notre
Père » et le
« Je vous salue Marie ».
C'est un moment d'intense émotion. Avant la
seconde chute qui se situe sur la place Porta, le catenacciu
aura dû emprunter les ruelles du Vieux Sartène,où la
rude montée des escaliers de la rue Tafanelli
est une épreuve terrible
Une nouvelle halte a lieu à l'intérieur
de l'église Saint-Sébastien qui symbolise
le Golgotha. U catenacciu s'y recueille et prie agenouillé devant
l'autel, au pied duquel se trouvent le Christ gisant
et la statue de la Vierge en deuil, pleurant son fils
mort. La dernière chute s'effectue au bas de
la rue Croce, pour le pénitent rouge l'épreuve
tire à sa fin. Il lui reste cependant à gravir
la petite côte qui mène au parvis de l'église
et à rester immobile tandis que le prédicateur
parle à la foule. De retour dans le chœur
de l'église, il dépose la croix sur le
maître-autel et se recueille, entouré de
tous les pénitents. Agenouillés ou couchés,
ils devront attendre que tous les pèlerins qui
défilent dans le chœur aient baisé un à un
le Christ gisant. Ils s'approchent de lui, le touchent,
se signent et s’en vont. Dès lors la cérémonie
est terminée pour le public