Aubagne devant Matignon
Manifestation. Cinq cents élus et habitants ont, hier,
exigé le droit de construire « un territoire à taille
humaine ».
Dominique de Villepin a trouvé, hier, sur son bureau
une massive pile de documents. Contrairement aux fichiers
Clearstream, le premier ministre n’a pas eu de mal à en
attester la provenance: 12500 cartes pétitions apportées
par les treize maires de la communauté d’agglomération
Garlaban-Huveaune-Sainte-Baume (GHB, autour d’Aubagne)
et de la communauté de communes de l’Étoile
et du Merlançon. Accompagnés par cinq cents
personnes venues à Paris à bord d’un
TGV affrété spécialement, les édiles
se sont déplacés pour (re)dire au gouvernement
qu’ils voulaient fusionner les deux entités
intercommunales, dirigées par la gauche, afin de créer « un
territoire à taille humaine ». Ce combat, ils
le mènent depuis quatre ans. Quatre années
au cours desquelles ils ont reçu une fin de non-recevoir
de la part de l’État, cas quasi unique en France
alors que les lois votées par la droite prétendent
favoriser les regroupements intercommunaux. Pour les élus
de ces deux territoires, l’explication est à chercher
du côté de Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille,
président de la communauté urbaine de Marseille
(CUM) et, accessoirement, vice-président de l’UMP,
accusé de vouloir annexer le voisin aubagnais.
Dans leur besace, élus et habitants avaient amené les
résultats d’un récent sondage : 72 %
des habitants se déclarent favorables à la
création du pays d’Aubagne et de l’Étoile,
tandis que 71 % refusent une intégration forcée
dans la communauté urbaine de Marseille. Signe qui
ne trompe pas : sur ces deux questions, l’électorat
UMP se positionne dans les mêmes proportions que l’ensemble
de la population.
Ils ont également souligné que l’État,
par l’intermédiaire de son représentant,
le préfet de région, avait signé le
23 mai dernier l’arrêté de SCOT (Schéma
de cohérence territoriale) sur le périmètre
des treize communes, reconnaissant ainsi la pertinence du
territoire. « C’est une véritable avancée
qui n’est certainement pas étrangère à la
mobilisation des gens d’ici », s’étaient
félicités Alain Belviso et André Jullien,
respectivement président de GHB et de l’Étoile. À l’État,
version Paris, de donner le feu vert à la suite logique
: la fusion. Réponse avant le 30 juin.
Marseille, Correspondant régional Christophe Deroubaix
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GHB
- L'ETOILE à Matignon pour défendre
la fusion
Quelque 500 habitants des communautés d'agglomération
du CHB et de l'Etoile ont manifesté, hier à Paris,
devant les grilles de Matignon, où les
13 000 signatures recueillies ont été déposées.
Les élus ont été reçus au ministère
de l'Intérieur.
Un train pour la fusion
Environ
500 personnes, venues de toutes les communes de Garlaban-Huveaune-
sainte- Baume
(GHB) et de l'Etoile-
Merlançon, ont
accompagné les élus locaux à Paris dans
ce qui est une nouvelle étapes de la bataille pour
la fusion des deux communautés d'agglomération
et le refus de rattachement à Marseille Provence Métropole. « Un
acte de naissance » selon Alain Belviso.
Une dizaine de bus a rejoint hier matin la gare Saint-Charles.
Comme pour « montrer que la fusion concerne tout le
monde ». Direction Matignon pour déposer une
pétition.
Une délégation d'élus a remis près
de 13.000 signatures à un membre du cabinet
de Dominique de Villepin.
Les centaines de militants déboulent tôt dans
les rues de Paris, avec tracts à la main, banderoles
et panneaux. «Nous refusons l'annexion forcée
et nous souhaitons une intercommunalité à taille
humaine où nous voulons vivre » afin de « développer
la citoyenneté et la démocratie locale ».
Entre deux rames de métro, les Provençaux sont
persuasifs. « Il nous appartient de décider
de notre vie quotidienne, de l'avenir de notre territoire,
de nos familles et de nos enfants ».
A deux pas de la rue de Varenne, siège de l'Hôtel
Matignon, le cortège stoppe. «
500 personnes pour l'intercommunalité ? Du
jamais vu »
La délégation emmenée par Antoine Di
Ciaccio, élu cugeois, est sur le point de se rendre à la
résidence de Dominique de Villepin. Quelques barrages
de gardes mobiles plus tard, ils sont reçus sur le
trottoir par un membre du cabinet du Premier Ministre, visiblement
peu au courant des motifs exacts de cette visite. L'homme
peine à prendre la demi-douzaine de cabas bourrés
jusqu'à la gueule de pétitions, mais préfère
les rentrer lui-même, aider dans sa tâche par
un policier en tenue. Les élus du peuple,
eux, tourneront aussi vite les talons et rejoindront
le
reste des manifestants.
Circulez…
Heureusement, le compte- rendu émanant de la seconde
délégation, des maires et présidents
de GHB et Etoile, revenus du ministère chargé des
relations avec les collectivités locales, remettra
du baume au cœur de tout le monde. « Quoi qu'ils
en disent », note cet Aubagnais, « 13.000 signatures,
c'est 13.000 signatures. Ils ne pourront pas s'asseoir dessus ».
Pour Antoine Di Ciaccio, chef de la délégation à Matignon,
malgré cet accueil, « ils ont pris la mesure
de notre mobilisation» précisant toutefois que « le
plus dur restait à faire. Nous devrons rester mobilisés
jusqu'à ce que nous obtenions ce pour quoi nous nous
battons ».
Alain Belviso, président de GHB va dans le même
sens, avec la satisfaction supplémentaire d'avoir été « écouté » par
le chef du cabinet du ministre Brice Hortefeux. « Nous
avons exprimé notre point de vue » a-t-il déclaré devant
les grilles de l'Assemblée Nationale, «le ministère
a compris que nous voulions que ça se termine rapidement ».
La délégation a donc rappelé « et
son désir de fusion et son refus d'être engloutie
par Marseille ». D'ailleurs, du côté du
cabinet du ministre, «on nous a confirmé que
certains élus de MPM lorgnaient sur nous. Comme quoi
nous n'avions pas rêvé ». En tous les
cas, «cette mobilisation démontre haut et fort
notre détermination et porte la voix des populations
de GHB et de l'Etoile-Merlançon ».
La mobilisation du Pays d'Aubagne et de l'Etoile
a surpris le ministère. « Déplacer 500 personnes
jusqu'à Paris, sur des questions d'intercommunalité,
on n'a jamais vu ça » a-t-on entendu Place Bauveau.
Du côté des deux communautés qui rêvent
de s'unir, ça fait 4 ans que ça s'applique
...
Hier soir en rentrant, la situation du dossier n'avait
pas tant évolué sur la forme. En revanche, il est
clair que les 500 personnes ayant fait le déplacement
jusqu'à la capitale ont porté un grand coup.
Reste à savoir s'il sera décisif. Réponse
le 30 juin... Envoyé spécial à Paris Sébastien
MADAU.
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Trois questions à….
« Les habitants sont prêts à repartir si nécessaire »
Alain
Belviso et André Jullien reviennent sur les
enjeux de la fusion et leurs attentes maintenant que
le sommet de l'Etat a été alerté.
Les présidents des deux communautés de communes
estiment qu'un grand pas a été fait hier, mais
que la bataille n'est pas terminée pour autant.
-La Marseillaise: Comment s'est passée votre entrevue
au ministère chargé des relations avec les
collectivités locales?
-Notre visite s'est bien passée même si je déplore
l'accueil qui a été fait à Matignon à l'autre
délégation. Une nouvelle fois le Premier Ministre
montre tout son mépris. Nous avons pu exposer notre
volonté que l'expression citoyenne soit prise en compte
et que le Préfet sorte du statu quo rapidement. Nous
espérons que le ministre lui donnera tous les feux
verts. Toujours avec le même objectif: construire un
territoire à taille humaine, de proximité et
alternatif. -La Marseillaise: Pensez-vous que votre démarche
aboutira?
-Nous l'espérons. Nous devons rencontrer le Préfet
d'ici la fin du mois. Lui, doit rendre sa copie le 30 juin
prochain. Nous espérons qu'il prendra la décision
la plus juste possible et que la tentative d'annexion par
Marseille Provence Métropole sera écartée. -La Marseillaise: Quels moyens envisagez-vous
en cas d'issue défavorable?
-Depuis 4 ans, nous sommes habitués au chaud et au
froid. Mais ces 4 ans ont aussi permis aux élus locaux
d'avoir le temps d'informer la population sur ces questions.
Si cette entrevue est positive, nous avons quand même
fait comprendre au cabinet du ministre que nous restions
mobilisés et que les citoyens étaient prêts à repartir
si les décisions du Préfet n'allaient
pas dans le bon sens.
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GHB
et l'Etoile se font entendre à Matignon
500 élus et habitants du pays d'Aubagne se sont rendus à Paris
pour s'opposer par avance à une éventuelle
intégration à la communauté urbaine
de Marseille
Départ
d'Aubagne et des villages, environnants en bus a l'aube, trois heures de TGV entre Saint-Charles
et la gare de Lyon, marche à pas cadencé sur
Matignon, photo souvenir devant l'Assemblée nationale,
un sandwich englouti aux Tuileries et puis retour à la
maison dans l'après-midi. Il fallait une réelle
motivation pour se plier au rythme de la manifestation
atypique organisée hier, à Paris, par la
communauté d'agglomération Garlaban- Huveaune-
Sainte- Baume (GHB) et la communauté de communes
de l'Étoile. Motivées, les quelque 500 personnes
qui ont embarqué dans ce TGV spécialement
affrété par GHB - pour un coût de 45
OOO Euros- l'étaient incontestablement. D'autant
que le cortège était composé pour
moitié d'élus et d'agents communaux et inter-
communaux. Mais les manifestants étaient surtout
décidés à faire passer au Premier
ministre deux messages: en premier lieu, leur désir
de voir l'État, par la voix du préfet des
Bouches-du-Rhône, donner enfin son feu vert à la
création d'une structure réunissant les communes
de GHB et celles de l'Étoile; ensuite, leur refus
de tout projet visant à intégrer de force
ces mêmes communes à la communauté urbaine
Marseille Provence Métropole (MPM). A l'appui de
leur démonstration de force, les élus du
pays d'Aubagne avaient apporté une pétition
signée par 12500 personnes. Pétition qu'une
délégation a symboliquement remise à un
représentant du Premier ministre aux portes de l'hôtel
de Matignon, les manifestants n'ayant pas été autorisés à défiler
rue de Varennes. Pendant ce temps, une autre délégation,
conduite par Alain Belviso et André Jullien, respectivement
présidents de GHB et de l'Étoile, rencontrait
le chef de cabinet de Brice Hortefeux, ministre délégué aux
Collectivités Territoriales. Une entrevue dont ils
sont sortis plutôt satisfaits. "On nous a clairement
dit que nos revendications ne sont pas des lubies, souligne
Alain Belviso. Par ailleurs, on n'a pas nié le fait
qu'un certain nombre d'élus majeurs des Bouches-du-Rhône
ont, par leurs déclarations de ces derniers mois,
souhaité que la communauté urbaine de Marseille
s’agrandisse à l'est sans doute pour faire
face à ses difficultés financières...
On nous a également avoué qu'if est rare
de voir 500 habitants se déplacer à Paris, à Matignon,
pour réclamer le droit de vivre dans le territoire
de leur choix". Et André Jullien d'ajouter
que la délégation a obtenu l'assurance que "la
décision qui sera prise par le préfet des
Bouches-du-Rhône ne sera pas retoquée à Paris".
Une réunion avec les services de la préfecture
devrait d'ailleurs être organisée dans: les
prochains jours. Envoyé spécial à Paris Joël
RUMELLO