Les botanistes ont
toujours été frappés par le nombre élevé des
espèces végétales recensées en Corse.
Nul autre pays, selon certains, n'offrirait autant de variétés
sur un espace aussi restreint. Plus de la moitié des espèces
que l'on trouve ici sont communes aux autres régions méditerranéennes
d'Europe; un tiers environ comprend des espèces communes à la
Corse, à la Sardaigne et à l'Afrique du Nord. Cela
laisse encore place à des variétés endémiques
n'appartenant qu'à la Corse, qui n'entrent que dans une
proportion de 10 % en plaine et en moyenne altitude, mais qui
représentent plus de la moitié de toute la flore
au-dessus de 1 800 mètres.
LE MAQUIS (a
macchia) donne à la Corse son parfum. Il en est aussi
l'une des parures. Toujours vert, parsemé de fleurs aux
couleurs éclatantes au printemps, il est composé d'un
assemblage souvent inextricable d'arbustes hauts de deux à cinq
mètres, à feuillage permanent: bruyère arborescente
(scopa), lentisque (listincu), arbousier (albitru), yeuse (licciottu),
buis vert (bussu), genévrier (ghjneparu), laurier (orifogliu),
ciste (mucchiu), myrte (mortula), auxquels se mêlent des
plantes sauvages également parfumées: la lavande
(murzu), le thym (timu), le fenouil (finocchiu), le romarin (rosu-
marinu)... Revivant le paradis perdu de son enfance Corse, Napoléon, à Sainte-Hélène,
disait qu'il reconnaîtrait la Corse les yeux fermés, à son
parfum, et il ajoutait: «Tout y était meilleur et
plus beau qu'ailleurs.»???
Ciste de Montpellier et Arbousier
LES HERBES
Per dà l'amore à la pitanza (pour donner de la
saveur aux mets) : arbe aromatiche (aromates et condiments).
Sauvages et cultivées, ces plantes étaient cueillies, utilisées
fraîches ou séchées. Ce sont elles qui font la différence
dans la marmite.
Entre autres:
-Alloru : laurier sauce. À utiliser avec réserve dans les sauces
ou ragoûts.
-Arba barona : thym de montagne.
-Finochju : fenouil. Cueilli en automne en bouquets, qu'on suspend dans un
endroit frais. S'utilise avec la châtaigne et le poisson, les graines
(anis) dans les gâteaux.
Différentes variétés de mente (menthe) dont la menta salvatica
(menthe sauvage) et surtout u puleghju (menthe pouliot).
-Nepita (calament nepita), au goût fort, proche de la menthe et de l'origan.
Peut se conserver en bouquet, suspendu dans un endroit ventilé et à l'ombre,
puis en pot.
À Bastia, c'est la persica. .
- Frisgia ou burracine : bourrache.
-Agliu : ail. Se met avec les viandes blanches de préférence.
-Sambula, c'est l'ail sauvage doux ou ciboule.
-Cipolla : oignon. Se met avec les viandes rouges.
-Espezie (mélange d'épices) étaient achetées.
LE
PIN LARICIO
«Le pin laricio est un des plus beaux arbres résineux de l'Europe...
on ne le connaissait pas il y a 150 ans car il restait confiné à l'intérieur
de cette île jadis peu connue et peu visitée. En 1837 seulement
on voit apparaître le nom de laricio dans les traités de botanique.
«C'est un arbre de première grandeur atteignant jusqu'à 40
mètres de hauteur 50 mètres parfois comme on en voit encore dans
les forêts de Valdo-niello et de Saint-Pierre de Verde. Le tronc est droit
et élancé les branches inférieures tombent successivement
sans presque laisser de trace à l'endroit où elles se sont détachées.
Il ne reste que de grosses branches irrégulières formant à la
cime une sorte de couronne peu développée. L'arbre a pris cet aspect
dès l'âge de 90à 100 ans.
Mais ce caractère de colonne surmontée d'un maigre chapeau de
feuillage se voit seulement dans les futaies l'arbre isolé conserve
longtemps ses branches la cime plus fournie prend l'aspect d'une pyramide.
« En
Corse le laricio étant rarement isolé se présente
donc toujours sous l'aspect d'une colonnade sans fin.. où la
lumière se joue avec mystère en de profondes perspectives
grâce à l'absence des branches adventives .Les ramilles
du laricio veulent l'air et la lumière, l’ombre, même
légère, leur est mortelle.
-c'est pourquoi ces beaux arbres n'ont de feuillage qu'au sommet.
-c'est pourquoi la forêt Corse offre un spectacle unique dans le monde
sylvain par la prodigieuse hauteur des troncs dépouillés. »
ORCHIDEES,
51 variétés sur l’île
Lorsqu'on parle orchidées, on pense toujours à ces fleurs éclatantes
des régions tropicales du globe. Ce que l'on sait moins c'est que les
orchidées sont très largement réparties dans le monde. Elles
sont même considérées comme la famille la plus vaste des
plantes à fleurs avec plus de 20.000 espèces connues. Il ne faut
donc pas s'étonner que l'on trouve en Corse cette fleur aux formes parfois
bizarres mais à la beauté qui se pare toujours d'une infinie variétés
de couleurs.
Comparées à la luxuriance des orchidées tropicales, celles
qui poussent en Corse produisent des fleurs bien modestes. Il y a pourtant chez
nous, selon la plaquette éditée par le Parc Régional sur
les fleurs de l'îIe 51 espèces d'orchidées. Et chacune mérite
qu'on s'y arrête les premières fleurissent au mois d'Avril et on
en trouve jusque sur le bord des routes, à même le goudron, car
leurs besoins nutritionnels sont faibles . Pour les admirer, il faut faire l'effort
de s'arrêter et de se pencher sur elles car de loin, elles ne sont qu'une
tâche plus ou moins colorée. Mais quand on les détaille,
on y trouve la profusion des formes et des couleurs des orchidées tropicales
en vente dans les commerces. Si on prend la peine de se pencher, la richesse
des formes et des couleurs comble le regard.
L'histoire de la Culture des orchidées n'a pas commencé en Europe
et encore moins en Méditerranée. C'est en chine et au Japon que,
depuis 2500 ans, on se voue à la culture de cette plante merveilleuse
qui compte aujourd'hui des milliers de passionnés à travers le
monde. Ils sont d'ailleurs regroupés dans un réseau serré d'associations.
Cette culture, qui permet de créer une dizaine d'espèces par an,
permet ainsi de compenser le grave déséquilibre généré par
l'intervention anarchique de l'homme dans la nature.
La prise de consciente récente de l'absolue nécessité de
préserver l'environnement a entraîné le désir de conserver
les habitats par la création de Parcs Naturels. Celui qui fut crée
par François Giacobbi, en corse, est à cet égard exemplaire.
Il permet, entre autres, la protection de cette flore si fragile parce que trop
belle. Car ce qui est admiré dans la nature est trop cueilli.
Heureusement pour elle, l'orchidée Corse est très petite et passe
donc inaperçue. Pourtant lorsqu'on la détaille, lorsqu'on regarde
le labelle, le sépale et les pétales, la fleur apparaît dans
toute sa splendeur.
Mais attention, regardez-là, faites des photos, mais ne la cueillez pas!
Vous ne pourriez rien faire, en quelques heures, qu'un tas de feuilles jaunies.
Laissez-la resplendir pour tous ceux qui, comme vous, veulent vivre, même
le temps de courtes vacances, en communion avec la nature. .
U Paisanu
Bavella