CHEMINS DE FER CORSE

 

 

 

 

 



Chemin de fer Corse

Les navires

 

Trinichelu : la micheline

La "Micheline" est le petit train le plus charmant d'Europe. Lilliputien avec ses deux à trois wagons, il traverse doucement l'île, prenant évidemment encore le temps d'admirer les multiples trésors naturels de la Corse.
Quelquefois, le train donne l'impression de rouler sur la plage, il court au ras des vagues, au milieu des pins. D'autres fois, il est suspendu sur la pente de granit, perdu dans le kaléidoscope minéral.

 

Il suit les sentiers de la transhumance, s'exile aux confins de la Corse. Il Jouxte le Niolu, la Castaniccia, s'enfuit vers la Balagne...

Le train défit le temps et les saisons.
Le Chemin de Fer de Corse, en balagne, met à disposition des vacanciers une navette qui relie Calvi à L'île Rousse par le littoral « LE TRAMWAY DES PLAGES »
« On passe à des endroits qui sont inaccessibles en voiture et c'est une ambiance tellement différente c'est un peu folklorique par rapport au continent »
Cette navette assure la liaison entre Calvi et l'île Rousse et dessert également les plages l'arrêt y est facultatif, il faut donc ne pas oublier de faire signe au chauffeur. Le matériel roulant (modèle ABH) date de 1949
Mais le pittoresque l'emporte sur le confort car la plupart des passagers empruntent cette ligne pour la découverte du littoral balanin

Chaque été, 300.000 touristes rendent hommage au train Corse,

car c’est le meilleur moyen de visiter la Corse. Ils s'installent comme on va au spectacle. Ils prennent le train pour le plaisir, pour l'émotion. Pour le contraste saisissant des paysages. Long roulement. Le tracé somptueux des voies est rehaussé d'ouvrages d'art.
L'oeil se perd, cherche à saisir au passage les richesses architecturales. Car le train Corse ressemble à un long métrage qui traiterait de l'histoire de l'île: ethnologie, géologie, architecture.

Quatre saisons, quatre nuances. Torpeur d'été, odeurs et couleurs d'automne, douceur d'hiver. Découvrir au printemps la nature renaissante dans le bleu des forêts de Vizzavona, sous la voûte majestueuse des pins larricio. Derrière les vitres, le site est grandiose. Le train court. Plus loin, il délaisse les bleus pour épouser des couleurs bien plus chaudes et se fondre dans l'ocre du désert des Agriates... odeurs de cistes par les fenêtres ouvertes. Puis, il court encore, s'obstine jusqu'au couchant, jusqu'aux tons chatoyants sur la baie de Calvi et l'orangé presque sensuel de sa plage. Le train se joue des contrastes.

Depuis la gare de Belgodère, des promenades sont proposées pour découvrir les villages balanins. Le chemin emprunté est appelé la "route des artisans". Installés dans l'arrière-pays ces artisans sont là pour faire revivre les villages. Là-bas, potiers, souffleurs de verre, luthiers ou couteliers font découvrir leur art dans la plus pure tradition artisanale.
Depuis toujours, les Corses sont profondément attachés à leur train. Celui-ci fait partie intégrante de l'environnement humain et appartient à l'identité collective. Ainsi, beaucoup ont conté la Micheline à travers diverses chansons, comme la très populaire "A canzone di u trenu". Et si les Corses parlent de leur train avec tendresse, l'appelant Trinichelu (petit train), ce n'est pas pour rien, et certains détails ont toujours fait sa différence. Par exemple, pendant longtemps, il suffisait de faire du stop sur la voie pour que le conducteur s'arrête. Et des arrêts non officiels il en existait - et encore aujourd'hui - un certain nombre. "Eh cela rapproche du village" disent certains voyageurs. Mais le "Train à Grande Vibration" n'a semble-t-il pas séduit uniquement son peuple. Sa dimension est internationale et sa réputation n'est plus à refaire. Ce que le Trinichelu nous offre comme spectacle est incomparable.
Une des vocations du chemin de fer est de procéder au désenclavement du territoire et de lutter contre la désertification de l'intérieur. Le train est le trait d'union entre les villes et les campagnes. La volonté de la Collectivité Territoriale, en manifestant sa confiance dans le savoir- faire de la SNCF, est de poursuivre l'effort de modernisation du réseau ferré corse et d'en faire un outil puissant du développement régional au service de l'ensemble de la population.
La mission répond à quatre exigences: transporter la clientèle captive c'est- à- dire les jeunes, les personnes âgées ou handicapées; être un outil d'aménagement du territoire tout en luttant contre l'exclusion sociale; protéger l'environnement; accompagner le développement économique, celui du tourisme notamment.
Le Chemin de Fer Corse doit se tourner vers son avenir. Il ne doit pas cependant oublier ce qui fait sa forte identité: son histoire dense, forte et passionnée.
Le train fut mis en service le 1er février 1888. La construction fut difficile. On considéra longtemps que cette oeuvre était irréalisable car la jonction directe Bastia - Ajaccio était confrontée à une situation géographique problématique. Il fut nécessaire de percer un tunnel de 3916 mètres pour franchir le col de Vizzavona. Gustave Eiffel se vit confier la construction du viaduc du Vecchio, arche majestueuse dominant de 100 mètres le torrent capricieux. Si l'on ajoute à ces difficultés techniques quelques atermoiements administratifs, on comprend pourquoi la réalisation de la ligne aura duré environ 40 années: de 1855 à 1894. A la veille de la première guerre mondiale, le réseau Corse totalisait 360 kilomètres de lignes et surpassait largement, par l'intensité de son trafic et la qualité de ses services, beaucoup de réseaux des compagnies continentales.
Au seuil de la deuxième guerre mondiale, le réseau s'est étendu. On inaugure la ligne orientale qui rejoignait Porto-Vecchio. Malheureusement la guerre ruina beaucoup d'espoirs et l'essor du chemin de fer. Blessés mais aussi amputés de la plus active de leurs lignes, celle de la côte orientale, les Chemins de Fer Corses virent leurs difficultés d'exploitation commencer.

Allait-on supprimer aussi la ligne de la Balagne ? La question se posa sérieusement en 1954, mais une mobilisation des cheminots, soutenus par la population, écarta la menace. Les Corses avaient montré par là l'attachement qu'il portaient à leur Trinichelu. En 1959, puis en 1972, la vox populi se prononça envers et contre tout pour le maintien des 232 kilomètres restants. Elle démontrait ainsi la nécessité d'un outil de transport public pour la Corse. La valse des exploitants privés prit fin en 1983. Les lois de décentralisation permirent de déléguer à la Région Corse les compétences des transports régionaux. Par convention, la Région confia l'exploitation et la gestion à la SNCF.
Depuis 16 ans, l'État, la Collectivité Territoriale et la SNCF ont mis conjointement au point un plan de modernisation visant à assurer la pérennité du service ferroviaire.
Sécurité, technicité, fiabilité, confort, voilà les quatre mots d'ordre qui devaient modifier l'image et la réalité du train Corse. D'importants travaux ont été accomplis: sur les voies, sur le type de rames avec l'acquisition de 5 rames modernes, réversibles, d'une capacité de 117 places chacune. En 1997, deux nouveaux autorails viendront s’ajouter, portant ainsi le parc matériel roulant corse à dix-huit engins.
Le développement commercial est aussi un des objectifs des CFC qui mettent en place de nouveaux produits, des nouvelles dessertes, des tarifs attractifs au bénéfice des salariés, des étudiants, des scolaires.
La "Micheline" est au service du territoire, du désenclavement, du développement économique insulaire. 600.000 voyageurs l'empruntent chaque année.
Il est et restera un lieu de rencontre incomparable et inoubliable avec les Corses, avec la Corse.

U TRENU DI BASTIA : CONTRE ET POUR

Ces deux chansons furent composées à un siècle de distance: la première, en 1890, par MARIA FELICE une aubergiste de la côte orientale, ruinée par le train, et qui le vouait aux gémonies;
La seconde, écrite en 1960 par Tintin Pasqualini chansonnier Corse, qui se fait l'interprète amusé de l'amertume des Corses à qui on enlève « leur » train.

A canzona di u trenu de MARIA FELICE

« 0 lu trenu di Bastia
Hè fattu per Ii Signori
Pienghjenu Ii carritteri
Suspiranu Ii pastori
Per noi altri osteriaghji
Son affanni è crepacori.

« Anghjuli, lu mio Anghjulinu
Pensatu n'aghju una cosa
Quand'ellu passa lu trenu
Tirali di mitragliosa
È Ii sceffi chi so dentru
Voltali à l'arritrosa !

« Ci vogliu piazzà un forte
ln paese di Cervioni
È nantu ci vogliu mette
Più di trecentu cannoni
Quand'ellu passa lu trenu
Spianalli Ii so vagoni.

« Di lu caminu di ferru
Si ne falinu Ii ponti
Tandu Ii prupietarii
Purranu fà Ii so conti
Chi per dà la signatura
Ell'eranu tutti pronti.

« Ch'ellu piovi mesi interi
È po empiene una pozza
Ch'ellu s'anneghji lu trenu
À l'entre di Casamozza
Micca per Ii passageri
Ma per quellu chi Ii porta.

« À chi hà inventatu lu trenu
Hè stata una brutta ghigna
Li ghjunghji lu filosserà (ne)
Cum 'ellu hè ghjuntu à la vigna !
Li caschinu Ii capelli
lncu la più forte tigna.

« Anghjuli, lu mio Anghjulinu
Datti un pocu di rimenu
Vai è feghja issu catinu
S'ellu hè viotu o s'ellu hè pienu
Ch 'avemu da presentallu
À lu sceffu di lu trenu.

« Ùn si vende più furagi
Pocu pane è micca vinu
Passanu le settimane
Senza vende un bichjerinu
Chi ci avemu più da fà (ne)
ln piaghja lu mio anghjulinu.

« Anghjuli, lu mio Anghjulinu
Preparemu la mubiglia
Quandu fala la vittura
Imbarca la nostra famiglia
Soldi di meiu lu trenu
ln fin ch'o campu, ùn ne piglia. »



U trenu di Bastia de TINTIN PASQUALINI

« 0 lu trenu di Bastia
Si ne parte à la ferraglia
U imbarcanu pezzu à pezzu
ln battelu per l'Italia,
Ci resterà in suvenire
Qualchi pezzacciu di raglia.

« Di la gara di Bastia
Ne feremu un munimentu
A ci lasceremu arritta
Perchè ci para lu ventu
L 'hà dumandata un ministru
Omu di grande talentu.

« I ponti ne serveranu
Per Ii posti à lu cignale
Osinno per piglià frescu
Quand'omu si sente male
Pianteranu appena l'acqua
Quandu Golu hè in tempurale.

« Si volenu piglià tuttu
I treni cù Ii battelli
I nostri ministri corsi
Ci ghjocanu à l'appiattelli
Ci prumettenu le cose
Cum'è i calci à i zitelli.

« È noi Ii stemu à sente
Cù la bocca spalancata
È po Ii femu l'evvive
Tuttu un ghjornu è una nuttata
Elli partenu cuntenti
Fendusi una risata. »