La
Balagne est renommée pour ses oliviers et pour la qualité de
son huile, eau de Jouvence à laquelle sont attribuées
toutes les vertus.
-Acqua di Balagna Chi leva ogni magagna. ( l'eau de Balagne élimine
tous les maux).
-A donna di Balagna un n'è fatta pe' a muntagna.
(La femme de Balagne n'est pas faite pour vivre à la montagne.) Ruse,
malice, méfiance.
Pare un veru Aschese!
(On dirait un authentique habitant d'Asco) désigne un caractère
rusé. Quand on est concitoyen du Sage !
De même
Ne sa quant'e un didaghiu ! (il en sait autant qu'un marchand de bois résineux)
Ces marchands ambulants venaient en général d'Asco .
Mais s'agit-il de leur
ruse ou de l'abondance des bonnes histoires (stalbatoghj) qu'ils
diffusaient au cours de leurs tournées ?
L'astuce est également attribuée aux habitants de
la Balagne
-Balaninu, untu e finu (Balanin oint et fin).
En revanche, du bouc trompé on dit: « le pauvre, il n'était
pas Balanin »
(A Campi de Verde, lieu enchanteur, si quelqu'un n'est pas voleur, c'est qu'il
est mort ou malade!)
Même réputation pour les gens de la Balagne:
-Se Cristu era Balaninu, Sarebbe un ladru finu.(Si
le Christ était Balanin, ce serait un larron fieffé)
Est-ce pour cette raison que Pascal Paoli aurait dit, comme Mgr de la Foata
le rappelle en vers:
Chi Diu la mi pardoni,
Diciaraghiu un'eresia,
Ma si Cristu ad occasioni
In Balagna aussi natu,
L'avaria rinigatu !
(Que Dieu me pardonne-je vais dire une hérésie ; mais si le Christ,
par hasard, était né en Balagne, je l'aurais renié!)
De nombreux dictons concernent des « choses à ne pas dire ».
Selon Mgr de la Foata, il ne faut pas, en Balagne, dire San Martinu ! comme
on le fait, partout ailleurs en Corse, all'aghia e a u palmentu, sur l'aire
et au moulin (exclamation optative devant une récolte). Car à la
suite de pareille invocation, un 11 novembre, il y eut, une année en
Balagne, une calamité publique qui frappa récoltes et cultivateurs.
-Dopu tandu, u Balaninu E nimicu a San Martinu.
(Depuis lors, saint Martin est un ennemi pour les Balanins : sa fête
tombe en effet le 11 novembre)
Quelle
est l’origine du nom « BALAGNE » ???
1- LE CHENE OU L’OLIVIER
La région tirerait son nom du mot grec balanos signifiant « gland » ou « fruit
du gland », allusion à la forme de l'olive et aux oliveraies qui
couvraient jadis les plaines et les collines
La toponymie évoque des conditions géographico-climatiques ou
des circonstances historiques : cap Corse (capu Corsu, appelé « promontoire
Sacré » ou « cap Sacré » dans l'Antiquité),
Nebbio (Nebiu, de nébia, brume), Balagne (Balagna, du grec balanos,
gland) la balagne est, par excellence, le pays des olives), Niolo (Niolu, peut-etre
de niulu, nuage), Cinarca (du grec kunarcon, juge de Corse, ou de sunarcon,
synarque, vestige de l'administration byzantine), etc.
2- UNE VILLE PHENICIENNE
?
D'après le Dr Morati - cette opinion est d'ailleurs partagée
par d'autres auteurs - Algajola serait l'héritière de l'ancienne
Argha, fondée par les Phéniciens. Ces derniers auraient d'autre
part donné à l'ensemble de la région le nom BALAGNE, en
souvenir de la ville phénicienne de Balanea dont ils étaient
originaires.
Mais le comte Savelli de Guido, se fondant sur le témoignage du vieux
chroniqueur Gîovanni della Grossa, considère que le port d'Algajola
est un hameau d'une agglomération détruite par les Romains.
3- CORBARA
Fut le chef lieu de l'actuel canton de l'ile-Rousse,
définissant le
nord-est de l'ancienne piève d'Aregnu, dont elle faisait partie au 16éme
siècle. Occupant les vallons de plusieurs petits fleuves côtiers,
dont celui d'Acqua Niella, et une partie de la plaine d'Aregnu, elle fut occupée
dès la préhistoire : un dolmen a été trouvé à l'est
de la plage de Barcale. Nommée Palania avant sa christianisation, car
dressée comme un "pal" (latin :palus, français :pieu)
au-dessus, de la plaine d'Aregnu-Curbara la cirna di Sant Anghjulu aurait donné son
nom à la région et à l'Antique cité de Balanea,
abandonnée pour cause d'insécurité.
4- AREGNO.
Cette commune occupe 930 ha d'une vallée irriguée par le fleuve
côtier de Nonza, alimenté par de petits affluents prenant leur
source dans les communes environnantes. Avant sa christianisation, ce fleuve
devant son nom à une chapelle dédiée à l 'Annunziata,
pourrait avoir porté le nom de l'antique cité de Balanea, près
de laquelle il terminait son cours. Au 9éme siècle, lors de la
reconquête sur l'occupant maure, les chevaliers romains emmenés
par le comte Guido Savelli choisiront Curbara puis Sant'Antuninu pour capitale
de leur comté de Balagna, ainsi nommé en hommage à la
cité côtière disparue. C'est près d'Aregnu que fut
installé, au bas Moyen Age, l'arringu de la piève de Balagna.
La commune tire-t-elle son nom de la déformation
du nom de cette ancienne cour de justice populaire
?
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