LES OLIVIERS

 

 

La Balagne

Toponomie des villages

Dictons et Origine

du nom Balagne


L'Olivier

Joseph di U Mulinu

ZAMBALLARANA

 


Importé par les Grecs au Vlème siecle avant J C, l’olivier trouva en Balagne sa terre d’élection. Aucune région au monde ne donne une plus puissante impression de richesse. Entre les monts couverts demaquis sombre, manteau de verdure luisante, la vaste conque s'abaisse doucement jusqu lit, à peine visible, du ruisseau de Régino. La vallée est un verger d'oliviers, de figuiers, de cédratiers et d'orangers. Sur les sommets et les pentes des collines aux formes nobles et hardies, les villages semblent comme les grains d'un collier, capricieusement disposés autour de la conque verdoyante. Comme au temps des incursions des pirates et des luttes contre Gênes, la population est restée sur les hauteurs. Les habitants descendent seulement pour la récolte des olives et des autres fruits. Dans cet heureux pays, le sol produit presque sans culture. Les champs de céréales y sont de minime étendue, mais le cédratier est cultivé avec soin.

 



« L'olivier est la richesse principale. Etait, devrais-je dire, puisque la Balagne se ressent durement de la concurrence des huiles de graines. Jadis, les marchands de Marseille, d’Aix, de Salon et de Nice venaient régulièrement en Balagne acheter les huiles ; aujourd'hui, ils semblent avoir désappris ce chemin. En 1869, la contrée avait vendu, tant en Corse que sur le continent, pour 12 ou 15 millions d'huile; en 1890, l'exportation dépassait encore 12 millions de kilogrammes ; ces chiffres ont beaucoup baissé. Le kilogramme valait jadis 1fr.50 sur place, il est tombé à 60 centimes. La récolte d'il y a deux ans est encore en magasin.

 

«Les causes de cette crise sont nombreuses. D'abord, l'usage de plus en plus grand des huiles de coton, de sésame, etc, a amené cette baisse de prix ; puis les Corses n'ont pas suivi le mouvement industriel, leurs olives sont encore traitées par les systèmes les plus primitifs et les huiles ne peuvent lutter contre celles de Provence et de Tunisie. L'addition d'huiles de graines, qui se fait également ici, est venue jeter la défaveur; des commerçants, Italiens pour la plupart, appelés tracoli font le petit commerce et procèdent à des mélanges qui causent beaucoup de tort aux produits du pays.

 

 



« Toutes les communes de la Balagne ont leur territoire couvert d'oliviers. En 1820, on avait procédé au dénombrement de ces arbres, on en comptait douze millions ; d'après M. l’abbé Girolami-Cortona, qui a étudié patiemment son île natale, ce chiffre aurait triplé depuis lors.
Le juge de paix de Belgodère me disait que dans les bonnes années, chaque olivier donne en fruits un total égal à sa valeur. La moyenne serait de 63 kilogrammes par pied d'arbre.

 


 

 


«Les arbres sont de préférence plantés en terrasses, on préfère le plant greffé au greffage de l'arbre sauvage ; il est moins cassant et produit beaucoup plus. Au moment de la récolte, on aplanit le sol pour permettre une cueillette facile. L'arbre n'est ni gaulé ni secoué, chaque matin les femmes vont ramasser les fruits tombés. Ceux-ci sont pressés dans les moulins dont chaque maison est dotée, mais il y a aussi les petites usines, au bord du torrent, ou l'on presse à façon.
«Grâce aux soins donnés ici à l’olivier, cette ample et lumineuse vallée, ouverte entre des montagnes superbes, donne une impression de richesse que l'on ne retrouve pas partout. Ces deux cantons de la Balagne fertile, Belgodère et Muro, sont les plus beaux de la Corse entière. La route sinueuse tracée en corniche au flanc des monts, depuis Belgodère jusqu'à Muro et Cateri, est un perpétuel enchantement. »
(Ardouin-Dumazet, Voyage en France. La Corse, 1898.)


Terre méditerranéenne par excellence, la Balagne offre à l’olivier des conditions de développement optimales.

Ici l'olivier fait partie intégrante des paysages de coteaux.

Il y remplit des fonctions de production, de revitalisation d'espaces ruraux difficiles et de préservation des paysages. Les Origines de la Propagation de la culture restent cependant floues.

    Vraisemblablement implantée par les Grecs, les deux principales époques de mises en place des vergers furent le 2éme, siècle av J.C. sous l’empire romain, puis la période de domination génoise du 16éme au milieu du 18éme siècle.

    A cette période les zones n'empiétant pas sur, les terres labourables consacrées aux céréales seront plantées d'oliviers,  les oléastres greffés et l'huile d'olive exportée, principalement par le port d' Algaiola, sous la houlette des marchands de Ligurie.

 


A la fin du 18éme et au cours du 19éme siècle, des aides financières à la plantation et au greffage furent octroyées aux exploitants, les exportations se faisant alors principalement vers Marseille .Au début du 20éme siècle, l’huile était triturée et extraite avec la force de l'homme ou de l'animal dans une multitude de petites unités

"I Fragni". Quelques "frabiche installées près des rivières fonctionnaient 24h sur 24 les bonnes années de production.


A la fin de la seconde guerre mondiale, l'exode rural et la concurrence des huiles de graine ont causé l'abandon progressif du verger oléicole. Il fut dès lors soumis tant aux incendies qu'à la dominance du maquis. Depuis environ 10 ans, suite à I’augmentation constante de la demande en huile d’olive, due aux parutions dans la presse médicale relevant les vertus de ce produit, les oléiculteurs de Balagne se sont organisés et professionnalisés.

Des plantations en variétés locales ainsi que des rénovations de vergers anciens ont été réalisées autour des villages et dans quelques vallées non sujettes aux incendies.


Aujourd’hui, la Balagne reste la principale région productrice de l'île. La variété dominante est greffée et nommée “Sabina”   La récolte à pleine maturité s'échelonne de décembre à la mi-juin. Une variété secondaire, la "Ghjermana,plus précoce, est plantée de pied franc. Il faut également citer la présence de vergers de "Picholine", aujourd'hui remis en valeur, pour la production d'huile et de "Biancaghja" à Lama. D'un rendement moyen de 35%, cette dernière serait, d'après des études menées par la faculté de Corte, très proche de la "Sabine" plantée en Balagne.

     La rénovation du verger, et les nouvelles plantations laissent augurer une augmentation de la production, une production à ce jour insuffisante pour, satisfaire une demande nettement supérieure à l’offre.

J.Hennemann (Cursichella, la Balagne, 2000.)