C’ est
maintenant une tradition de se retrouver au Théâtre
le Comœdia comme autour d'une antique veillée.
Cette année, c'est le Groupe "ALTE VOCE" qui animait la flamme
et pendant plus de deux heures, elle a illuminé des spectateurs enthousiasmés
par des chants et des musiques rappelant le pays natal. Et nous étions
tous transportés.
Avec Alte Voce, ce fut un retour aux sources de la musique et du chant. Une
musique alliant tradition et modernité, interprétée par
de véritables virtuoses. Quelques morceaux de guitare soulevèrent
l'enthousiasme d'une salle admirative et debout. Des voix profondes, venant
de la terre et traduisant l'identité de tout un peuple, entraînèrent
le public enchanté sur les chemins de la reconnaissance et de l'amour.
Avec Jean Mattei, Rosanna Cesari, Batti Denobili, Charles Nicolini et Titou
Donati, c'est le talent à l'état pur qui avait rendez-vous ce
soir-là avec Kallisté.
SOUS
LE SIGNE DE LA PAIX
Les trois coups annonçant le début des 17e Journées culturelles
corses furent frappés le vendredi 7 février dans la salle du
Bras d'Or par le Président Sixte Ugolini. D'entrée, comme pour
couvrir le bruit des bombardiers et des canons et répondre aux propos
bellicistes du Président des USA, ces journées furent placées
sous le signe de la paix. Chez nous, toute manifestation justifiée doit
conforter sa signification et son message. Tout en évoquant la paix
et la sérénité de la Corse en hiver, aujourd'hui troublées
par le vrombissement des avions de chasse en manœuvres qui trouent le
silence, une protestation fut élevée contre ce qui se préparait.
Le peintre Chisa, dans une émouvante intervention, donna lecture de
la dernière lettre que le héros de la Résistance Corse,
Robert Giudicelli, envoya à sa mère avant de mourir:
« 0 ma, si j'ai dans le cœur une telle fraternité pour l'humanité,
je le sens, je le sais, c'est ton cœur débordant de tendresse pour
tous ceux qui souffrent que j'ai dans la poitrine. »
Le Maire d'Aubagne, Daniel Fontaine, dans une intervention très forte,
tint à s'associer à ce message qui va si bien à sa ville,
sacrée ville pour la Paix.
Les douze coups de minuit de dimanche sonnaient déjà à l'horloge
de Kallisté, alors que, autour d'une copieuse pastasciutta, les voix
des acteurs de la fête amicalement unis, se mêlaient encore aux
guitares du groupe Kallisté qui avait animé ces journées
: Celles-ci se terminaient ainsi, dans la bonne humeur, avec la satisfaction
d'avoir œuvré pour faire d'Aubagne, pendant trois jours, la capitale
des Corses des Bouches-du-Rhône, et d'avoir donné de la Corse
l'image de la vérité.
Des tableaux, des livres, des produits corses
Dans l'intervalle, les manifestations d'une densité et d'une qualité exceptionnelles,
ont enchanté tous les visiteurs. Ils se sont pressés pour admirer
l'exposition de peinture, fierté de Josyane Durand, pour acheter livres
et cassettes et déguster au bar les productions aubagnaises de la Distillerie
Janot, sans oublier les produits corses que, cette année, offrait à la
vente, "L'amicu Parsi".
Nos partenaires, SNCM, CMN, Air France, présents tout au long de la
manifestation, pouvaient ainsi renseigner tous
ceux à qui ces journées donnaient des envies de départ.
Les écrivains présents, pouvaient, entre deux signatures, converser
avec un public, notre public, intéressé et chaleureux. Des manifestations
diverses, avec un public chaque fois renouvelé, c'est ce qui fait la
force de Kallisté. Du bal du samedi soir avec le groupe "E veghje
corse", jusqu'au débat sur la décentralisation, il a de
quoi satisfaire tous les goûts. Avec des temps forts, pour vous donner
envie de nous rejoindre.
Vendredi soit, au Comœdia, la soirée de gala fut, comme d'habitude,
une réussite. C'est maintenant une tradition de se retrouver au théâtre
comme autour d'une antique veillée. Cette année, c'est le groupe
Alte Voce qui animait la flamme. Et pendant plus de deux heures, elle a illuminé des
spectateurs enthousiasmés par des chants et des musiques rappelant le
pays natal. Et nous étions tous transportés. A moins que la Corse
n'ait été là, entièrement présente.
Des moments de grande émotion
Le grand débat de samedi après-midi fut suivi par une conférence-débat
de Batti Fusella le dimanche. Après avoir présenté le
livre de Gazagnaire, "Message d'un héros de notre temps",
consacré à Robert Giudiccelli, il a lancé un message et
une pétition pour le rétablissement de la vérité historique
concernant la libération de la Corse. Moment
poignant lorsqu'il évoqua la mort de jean Nicoli, moment plus émouvant
encore lorsqu' Antoine Ciosi, pour clore ce débat, s'avança,
micro en main comme seule arme, et entonna le Chant des partisans. Dans un
silence de cathédrale, l'émotion fut à son comble.
Et pour clôturer enfin ces journées, Antoine Ciosi qui célébrait
ses quarante ans de chanson corse en signant son dernier ouvrage, fit la preuve
de son immense talent en interprétant, après le concert du groupe
Kaltisté et devant un public médusé par t'émotion,
quelques uns de ses anciens succès. Et au moment du bouquet final, pour
une dernière Bella Ciao, on a vu couler des larmes.
C'était le temps de la fraternité retrouvée.