Dans
une Corse entièrement rurale et pastorale, la piève
fut pendant des
siècles, lieu de rassemblement des hommes
et centre de leurs activités administratives, religieuses
et économiques. La piève est un monde vivant qui
offre une certaine unité de costume, d'usages et de parler
qui n'exclut pas les particularismes coutumiers que se plaît à relever
le proverbe, tanti paesi tant'usanze.
C'est en « communauté » (ainsi étaient
désignées
sous l'Ancien Régime les communes actuelles) que pièves et
villages luttaient. Pour maintenir leur existence, elles s'organisaient économiquement,
d'où une multitude de professions. Arti è mistieri di tandu,
organisés
en fonction de la vie rurale, ils étaient exercés à plein
temps ou occasionnellement. La plupart sont irrémédiablement
perdus et s'effacent progressivement des mémoires. De même
s'évanouit
le souvenir de ces artisans consciencieux dont l'habileté et la
compétence
leur valaient parfois le titre moyenâgeux de mastru ou maestro.