Castagnaghji

 

 

 

 



 

Autrefois la Corse

 

Artisanat et métiers divers

Le fromage et le brucciu

Les travaux de la mer

Les ambulants "u tragulinu"

La culture de la vigne

L'olivier

Une civilisation de la châtaigne

Castagnaghji

Petits métiers de Calenzana

CACCIANINCHI ET NIULINCHI
Les artisans de la Caccia (Moltifau, Castifau, Ascu) venaient proposer leurs engins aratoires en bois, spécialement les râteaux pour les fours et les récipients à deux oreilles pour aller chercher l'eau à la fontaine et la conserver à la maison, que l'on nommait a secchja. Les plus renommées étaient celles d'Ascu. Parce que fabriquées en bois de genévrier, elles ne laissaient aucun goût à l'eau qu'elles maintenaient très fraîche. Celles faites avec du bois de pin étaient dédaignées à cause du goût désagréable qu'elles donnaient.
Aux différentes spécialités d'articles fabriqués en Castagniccia, il faudrait ajouter celles du stacciaghju, le fabricant et réparateur de tamis. Stacciu cammillinu, théoriquement en poil de chameau. Mais où le poil de chèvre n'allait-il pas se nicher! Il était utilisé pour dégager la farine ordinaire du son, u brennu. Le stacciarellu ou stacciu di seta, à la trame de soie très fine, tamisait la fleur de farine pour la fabrication des gâteaux.
De plus, fin mars début avril, c'est par troupeaux entiers que les porchers, i purcaghji, arrivaient de Castagniccia pour vendre les mannarini destinés à l'engraissement. Vers la fin octobre, toujours les Castagnaghji, proposaient leur farine de châtaignes aux négociants et aux particuliers.
Les Niolins du Filosorma, arrivaient par convois de mulets, vendre leurs fromages à Calenzana, que des casgilante ; réputées élevaient dans leurs caves. Les Niolins repartaient avec la farine de châtaignes qu'ils achetaient à balle piene, par sacs entiers. Quant aux femmes du Niolu, elles allaient de village en village proposer les tissus, pannu corsu ; draps, linzoli; couvertures, linzuloni, tissés par elles-mêmes.
Pour en finir avec tous ces marchands ambulants, comment ne pas évoquer le traculinu que de récentes chansons ont popularisé, voire idéalisé. Par une extension de sens par trop généralisée, il a été assimilé au marchand ambulant en tous genres. Il faut se souvenir qu'à l'origine, il semble bien n'avoir désigné, au moins en Balagna, que le seul marchand d'huile ambulant. L'huile étant alors transportée à dos de mulets dans des outres, narpie et narpioni, formées de deux peaux de sanglier ou de porc, cousues ensemble.
Le traculinu, n'est toutefois pas à confondre avec l'uliaghju, acheteur-revendeur d'une huile qu'il ne fabriquait pas.
Différent aussi de l'alivaghju, l'acheteur d'olives.
Ce rapide voyage en l'univers quasiment disparu des anciens métiers, révèle à quel point toute recherche les concernant, si elle demeure toujours saisissante, devient chaque jour plus urgente. En quelques pages, il ne pouvait être question de les présenter tous, ni même d'en dresser un inventaire complet. L'évocation de tel et tel d'entre eux -car il a fallu faire un choix- n'a eu d'autre objet que de témoigner de la grande vitalité dont faisaient preuve les villages di a Corsica di tandu,
François J. CASTA (1984)